Le Domaine Sylvain Pataille à Marsannay-La-Côte
Ce CR sera moins détaillé que d’autres, car je n’ai pu prendre que peu de notes. Nous avons fait une première partie de dégustation en compagnie d’un importateur canadien qui était déjà en grande conversation avec le maître des lieux lorsque nous sommes arrivés, ainsi qu’une autre caviste normande. La dégustation s’est donc déroulée dans des conditions particulières, en anglais et je n’ai pas pu noter toutes les explications de Sylvain. Je vais faire en sorte d’améliorer cet article lors d’une prochaine rencontre. Il ressort de tout ceci que Sylvain est un personnage haut en couleurs et qui n’a pas la langue dans sa poche, quelqu’un d’attachant, avec qui on passe des moments que l’on n’oublie pas de sitôt! La discussion a été plus informelle et sympathique lorsque nous nous sommes retrouvés en comité plus restreint.
Domaine fondé en 1999. Sylvain, non sans humour, nous indique qu’il est devenu vigneron car il ne sait rien faire d’autre! Le domaine fait 18 ha avec une densité de plantation classique de 10000 pieds/ha.
Travail à la vigne
Le travail se fait au cheval pour Ancestrale et au tracteur sur le reste du domaine, en prenant garde à la lune. Enfouissement des herbes de printemps plutôt que tonte ou arrachage.
Le rognage se fait intégralement à la main pour éviter un tassement excessif des sols. A terme, il aimerait tout faire au cheval, mais pour l’instant ce n’est pas faisable pour d’évidentes raisons de coût de de main d’oeuvre.
4 à 5 griffages annuels sont réalisés. Il faut idéalement finir de griffer avant les premières gelées, laisser passer l’hiver, puis recommencer en mars, avant de continuer en mai-juin après avoir laissé les sols au repos en avril.
Chez Sylvain, Le millésime 18 est très mûr, dense et concentré. c’est pour lui techniquement sans défaut et très facile à travailler car il a rentré une récolte saine et -relativement- abondante, mais c’est un millésime moins bourguignon dans l’esprit
Les vins
Comme vous pouvez le voir dans les vins dégustés, Sylvain a décidé de travailler ses cuvées par climats (hormis ses régionaux et villages), tous étant vinifiés de la même manière. Les différences entre les vins sont donc uniquement liées aux climats. C’est à mon sens une très belle école pour appréhender la notion de climat bourguignon, notamment quand on ne connait comme moi que très imparfaitement la Bourgogne.
En blanc, Sylvain a décidé de faire la part belle à un cépage de moins en moins reconnu et de plus en plus arraché: l’aligoté, qui donne, lorsqu’il est bien travaillé, des vins aux antipodes des cochonneries acides et insipides que l’on trouve en grandes surfaces. Les rendements sont faibles sur ce cépage: 25 hl/ha en moyenne.
Il a également décidé de replanter des vieux cépages bourguignons comme le chardonnay rose, etc. Il aimerait également pouvoir faire du pinot gris, qui est un cépage d’origine bourguignonne, mais l’INAO refuse le droit d’en planter en appellation Bourgogne: il faudrait donc le sortir en VDF
Les Rouges:(goûtés sur 17)
- Bourgogne: c’est gouleyant, mais non dénué de fond. Un bon canon à partager entre potes, une belle entrée en matière pour le domaine.
- Marsannay 17: plus de volume et de concentration, les tanins sont encore fermes, c’est un peu réduits et l’élevage doit encore se fondre. un vin en devenir
- Marsannay 18 (sur fût): encore un bébé, ça perle un peu. du fruit et encore du fruit, c’est plus mûr que 17, avec notes de poivre.
- Marsannay La Montagne: La Montagne est un grand climat pour Sylvain, à tel point qu’il devrait pour lui être 1er Cru. C’est un terroir très pierreux, qui amène sa minéralité au vin.
17 est un vin très pur, cristallin, encore un peu serré mais qui, à mon sens, va devenir un vin superbe de par sa définition et sa précision de fruit. Superbe! - Marsannay Clémengeaux: Le terroir est plus argileux, ce qui confère au vin un surplus de gras et de volume. Le vin est selon notre vigneron prêt à l’embouteillage. C’est plus serré et plus concentré que La Montagne, et les tanins semblent à ce stade plus soyeux.
- Marsannay Longeroies: Encore assez réduit. C’est concentré, encore tannique, petits amers en finale, pas facile à goûter en l’état
- Marsannay Clos du Roy: Nommé ainsi car c’était autrefois la parcelle préférée des ducs de Bourgogne avant que la France ne s’en empare. C’est plus épuré que Longeroies, plus cristallin. On se rapproche par certains aspects de La Montagne. Les tanins sont déjà très fins, et le vin est encore marqué par son élevage: ça va devenir bon!
- Bourgogne Le Chapitre: les sols sont rouges (présence de fer) et très érodés. Le vin est déclaré en Bourgogne car l’INAO ne veut pas le classer en Marsannay, ce qui est une hérésie pour Sylvain, car c’est pour lui un très grand terroir. Un vin superbe dans mon souvenir, mais je n’ai malheureusement pas de notes… J’avais simplement noté que j’aime beaucoup…
- Marsannay L’Ancestrale: Encore très réduit au nez. la bouche est superbe, et le vin à tout: une fois passée la réduction, on a un vin d’une netteté confondante, grande concentration, longueur, ampleur… Le toucher de bouche est remarquablement velouté pour un vin de son âge, j’aime beaucoup là encore.
- Marsannay Clos du Roy 2016: Le vin est plus en place que 17, cette année supplémentaire lui a fait un bien fou et a permis de joliment le polir. On retrouve toujours les marqueurs minéraux de ce climat, un vin doté d’une belle tension. décidément ce climat me convient bien…
Les blancs: (goûtés sur 17). C’est ici les aligotés qui ont la part belle, avec une approche « terroiriste » similaire à ce qui est fait sur les pinots noirs.
- Bourgogne 18 (sur fût): difficile de se faire un avis, le vin est encore en construction avec un côté fermentaire très marqué.
- Bourgogne Aligoté: cuvée issue de l’achat de raisins bio sur Marsannay, avec des vignes partiellement travaillées par Sylvain, notamment au niveau des traitements. Cela lui permet d’avoir une cuvée d’entrée de gamme à un tarif abordable en dessous de la gamme des climats. Un petit côté allumette/grillé (légère réduction) très sympa, ça commence bien.
- Bourgogne aligoté Champ Forey: Climat sur le bas de Marsannay, riche en alluvions sur éboulis calcaires. Encore un peu fermentaire et perlant, le vin n’est pas encore du tout en place.
- Bourgogne aligoté Les Auvonnes au Pépé: marnes de bas de coteau, bien argileux donc. Un vin avec déjà de la rondeur et une certaine ouverture. C’est bien bon à ce stade, on joue plus sur le charme que sur la tension.
- Bourgogne aligoté La Charme aux Prêtres: Climat de milieu de coteau, sur marnes moins profondes. C’est un vin plus construit, plus concentré, doté d’une belle personnalité. très bel équilibre sur une trame acide qui l’emmène loin et le relance joliment en finale. Pour Sylvain, c’est le terroir qui lui amène cette personnalité plus marquée. J’aime beaucoup.
- Bourgogne aligoté Clos du Roy: sol de grèze litée très peu épais, avec une roche mère calcaire très dure qui affleure. On monte encore d’un cran en termes de tension et de minéralité, très beau et plus austère que la Charme aux Prêtres, j’aime beaucoup une nouvelle fois
- Marsannay blanc: 50 hl sur les 160 produits viennent de l’achat de raisins de Sylvain sur les vignes de son père… tout ceci reste donc en famille! C’est très bon (désolé, pas plus de notes)
- Marsannay Chardonnay Rose: encore un vieux cépage que Sylvain veut réhabiliter, et c’est très réussi! un vin plein de charme, floral, sur la rose notamment, un beau vin plein de personnalité.
- Marsannay rosé: pas de notes…
J’ai beaucoup apprécié la rencontre avec ce vigneron à la forte personnalité. Ses vins sont une véritable école des climats bourguignons et j’ai beaucoup appris à son contact. L’ensemble de la gamme est très cohérent et il ressort que chaque climat séparé a sa raison d’être en tant que cuvée spécifique. Plusieurs coups de cœur que je devrais pouvoir vous faire partager prochainement.
- Le Domaine Jean-Louis Dutraive à Fleurie
- Le Domaine Heitz-Lochardet à Chassagne-Montrachet