Le Domaine Cyril Courvoisier à Cornas

Cyril Courvoisier est un jeune homme qui sait où il veut aller. Ses années de travail, dans le réputé domaine  Jean-Luc Colombo notamment, lui ont permis d’acquérir une solide expérience du métier et une vision claire de ce qu’il veut faire. Il a toujours eu envie de se lancer et est désormais en mesure de le faire, même si son démarrage, avec des parcelles qu’il replante depuis plusieurs années, parcelles qui n’entrent que progressivement en production donc, est long et nécessite des fonds: il continue donc en parallèle une activité salariée. Il a en effet défriché et replanté lui même une grande majorité de ses vignes. Ajoutez à cela qu’il est également en train de construire sa cave sous le pavillon familial, là encore de manière très réfléchie et planifiée afin de limiter son empreinte carbone, et vous comprendrez que Cyril envisage de faire une petite pause dans tous ces travaux car une certaine usure se fait sentir…

Parcellaire

Il possède:

  • 60 ares en location depuis 2017 sur Chaillot, sur deux parcelles distinctes. Il est en train de replanter progressivement pour entrer en production en 2022 en principe: 27 ares en 2017, 8 ares en 2018, 9 ares en mars 2019 puis environ 5 ares par an pour finir en 2022
  • 30 ares en Cornas sur le lieu-dit Les Côtes, reprises en 2011 et plantées en 2015 majoritairement (quelques terrasses en 2016)
  • 70 ares en Saint-Péray sur le lieu dit Rochette, reprises en 2012 et plantées en 2015 à 95%, puis finies en 2016 et 2017
  • 17 ares sur Saint-Joseph, en location depuis 2018, vignes plantées il y a 30 à 40 ans
  •  30 ares supplémentaires qu’il reprend effectivement l’an prochain en location sur Saint-Péray au lieu-dit Les Putiers pour replanter
  • 30 ares dans la plaine de Cornas en location, qu’il compte replanter en 2019 en 50% syrah, 25% grenache et 25% Dureza (cépage parent de la syrah)  afin de faire un vin de pays sympa et original.

Sur ce parcellaire assez morcelé, il n’y avait des vignes que sur Saint-Joseph, il a donc défriché (ou va le faire) et replanté tout le reste! Il lui reste à ce jour à finir de replanter la parcelle de 6000m2 sur cornas  ainsi que la nouvelle parcelle de Saint Péray et celle de la plaine de Cornas.

La parcelle de Chaillot est travaillée au treuil en raison de ses fortes pentes (50 à 60%). L’altitude est de 200m environ. Les parcelles sont située sur le Versant est-nord-est, derrière l’amphithéatre principal. On rencontre ici deux types de sols:

  • d’une part des sables granitiques issus de la décomposition (gore) de la roche mère (60% environ)
  • d’autre part des terrasses au sols plus argileux sur des grès siliceux.

La Parcelle des Côtes, orientée est, présente un sol peu épais de gore sur loess et socle granitique dégradé. Les pentes y atteignent 40%. L’altitude est de 300-350 mètres. Cyril y a réalisé un « paillage » en bois raméal fragmenté (BRF) permettant de conserver l’humidité, en plus de l’enherbement naturel.

Les 2 parcelles de Saint-Péray, plantées à l’identique de 50% roussanne et 50% marsanne donneront deux cuvées distinctes.

  • La nouvelle parcelle (Les Putiers) est à 200m d’altitude sur sol argilo-calcaire, exposée à l’est. La pente est faible, de l’ordre de 5-10%.
  • La première (La Rochette), de 7000m2 donc,orientée sud-est, est située à 500 m d’altitude sur un sol à dominante granitique en terrasses, sur des pentes de 20 à 40%. En haut, les sols sont de type loess, au milieu c’est plus du gore (granit décomposé), alors qu’en bas, on est sur des micaschistes. pour compliquer tout ceci, il y a par endroits des poches de granit caillouteux et de gore avec beaucoup d’éléments grossiers

Les densités de plantation sur ces parcelles est de 80×240 là ou le travail peut être mécanisé, et de 120×80 sur les terrasses inaccessibles aux engins. Le sol a été travaillé les deux premières années afin de favoriser l’enracinement des jeunes pieds, puis Cyril a laissé l’enherbement naturel s’installer en plein sur les inter rangs tandis que le sol est travaillé sous le rang. Des semis sont envisageables en automne en cas de besoin. Les rendements sont faibles: 25 hl/ha en 2017 et seulement 18 et 2018. A terme, Cyril vise 30 hl/ha de moyenne.

Ces deux vignes donneront donc des vins aux profils très différents justifiant pleinement la création de deux cuvées.

Pour Saint-Joseph, Cyril a trois parcelles exposées est, proches les unes des autres:

  • une de loess près de Paradis Saint-Pierre, près de chez Coursodon
  • une dans une arène granitique sur le lieu-dit Les Clos, près de chez Jean-Louis Chave
  • une enfin dans le village, à la fois alluvionnaire par les apports du Rhône et colluvionnaire par descente de la colline.

La pente est ici de l’ordre de 40% et l’altitude de 150m environ.
Les trois parcelles sont travaillées au cheval
– 1 buttage en sortir d’hiver pour étouffer l’herbe et protéger les pieds
– 1 débuttage au printemps
– 1 coup de griffe en juin, pour casser la croûte de surface et éviter ainsi les remontées d’eau par capillarité.

Travail de la vigne

Cyril veille à préserver la biodiversité de ses terres en préservant autant que possible,outre l’enherbement naturel, les haies, bosquets, talus etc qui sont autant de refuges pour la faune et la flore locales. Ces structures ont de plus l’avantage de limiter l’érosion des sols et de préserver leur humidité
Les traitements se font tôt dans la saison pour éviter d’avoir des résidus de soufre et de cuivre à la vendange sur les peaux. Cela permet aussi d’éviter de tuer certaines levures indigènes. A titre d’exemple, en 2018 il a fin de traiter Cornas le 28 mai, avec seulement 580g/ha de cuivre. Il trouve de plus que ce mode de fonctionnement limite la réduction des jus.

Vinification

Quelques explications concernant les cuvées:

  • Les Côtes passe sur le millésime 2018 de VDF à Cornas, car les vignes auront atteint l’âge requis
  • Le Saint-Joseph apparait en 2018 qui sera son premier millésime
  • Le Cornas Chaillot apparaîtra logiquement en 2021
  • Le Saint-Péray Les Putiers apparaîtra en 2022, le pens que les premières vignes plantées entrent en production

Le Saint-Péray est travaillé en pressurage direct, puis mis à fermenter en cuves inox. L’entonnage se fait alors dans des fûts (300 à 400 litres) non neufs originaires de Fuissé. L’élevage sous bois dure seulement 9 mois afin de ne pas marquer ou maquiller le vin, période pendant laquelle il opère des bâtonnages mais aucun soutirage (le vin n’est pas réduit, donc pas besoin) . Le vin est soutiré un mois avant la mise et un éventuel collage léger à la bentonite est opéré si besoin. Enfin, un léger sulfitage a lieu juste avant la mise afin de stabiliser le vin. Au final, on est aux environs de 40mg/l de soufre total.

Les rouges sont vinifiés en vendange entière. Quelques jours avant le gros de la vendange, Cyril récolte une centaine de kilos de raisin qu’il encuve afin de démarrer une fermentation, ce qui permet de saturer la cuve en CO2 avant l’arrivée du gros de la vendange. Il peut donc l’encuver sans avoir à y toucher pendant les 4-5 premiers jours. Ensuite, le raisin est légèrement foulé aux pieds et infusé par pigeages légers: 1/jour puis 1 tous les 2 jours sur la fin de fermentation. Pas de remontages. La macération dure 12 jours et jusqu’à 20 jours.
Les élevages dureront de 12 à 12 mois pour les Cornas, et de 9 à 12 mois pour le Saint-Joseph.

Les vins

  • Le Saint-Péray 2017 (bouteille) présente un belle fraîcheur peu commune sur les vins de la région. C’est un vin aromatique mais malgré tout bien tendu, sur les agrumes notamment. Jolis amers en finale (écorce de pomelo). C’est très bon et ça coule tout seul, même pour moi qui ne suis pas fan des blancs du sud de la France.
  • Le Saint-Joseph 2018 (füt) offre un nez très fruité, avec un petit trait végétal du meilleur effet qui le rafraîchit considérablement et lui confère une belle personnalité. J’aime beaucoup.
  • Le VDF Chaillot 2018 est plus concentré mais aussi très pur, avec toujours ce petit trait vert qui lui va si bien. Très bon à nouveau!
  • Le Cornas Les Côtes 2018 (fût) est moins dense, mais plus ouvert et là aussi très pur aromatiquement. c’est fin, floral, et toujours ce petit trait vert qui semble être la marque de fabrique du domaine.
  • Le VDF Les Côtes 2017 (élevage 9 mois) est une superbe syrah, le nez ne trompe pas, tous les marqueurs sont là! De la fraîcheur, du fruit, degré alcoolique bas par les temps qui courent, c’est vraiment très bon.

J’ai vraiment été séduit par Cyril Courvoisier. C’est un garçon qui a un projet réaliste, ambitieux et cohérent, dont les vins sont dotés de beaucoup de fraîcheur et d’une forte personnalité, tout ce que j’aime. Je n’ai malheureusement pas pu avoir de 2017, car il a été dépassé par la demande dès le salon de Saint-Péray, mais je suis sur les rangs pour 2018! Les prix étant de plus encore très raisonnables, je pense qu’on tient là une des futures étoiles de l’appellation.

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